+ UNE CITATION ICI S'IL VOUS PLAIT.
« Papaaaaa ! » courant à travers la cours de l’école pour me jeter dans ses bras, laissant mon frère aîné à la traîne derrière. Me réceptionnant dans ses bras, je passais mes petits bras de fillette le serrant contre moi avant de me tourner doucement ma tête vers Arthur qui était quelques mètres loin.
« Dépêche-toi Tur, j’veux rentrer prendre le goûter moi ! » criais-je le fusillant du regard pour qu’il se dépêche. Vous croyez quoi à cinq ans on a très faim après l’école, ok, j’ai tout le temps faim mais bon. Mon père me reposait à terre, alors qu’il embrassait Arthur venant tout juste d’arrivé. Je me collais à la petite tête blonde à côté de moi, lui serrant fort la main sous les ordres de mon père avant de le suivre jusqu’à la voiture. Durant toute notre enfance, on ne peut pas dire qu’Arthur et moi aillons manquer de quelque chose nos parents étaient plus qu’attentifs et avait tellement d’amour à revendre. J’aimais mes parents démesurément, un peu comme tous les enfants du monde. Mais malgré cet amour immense, j’avais secrètement une préférence pour mon père. Mon héros. J’étais toujours fourrée avec lui, le collant à chaque fois que j’en avais l’occasion, l’accompagnant à toutes ces expositions qu’il voulait allait voir, me reposant sur ses genoux devant la télé lorsqu’il regardait tous ses concerts de piano/voix. J’avais couvert mon père de tout l’amour qu’une petite fille pouvait donnait à son paternel et même plus encore et quand je n’étais pas en train de suivre mon géniteur comme son ombre, je consacrais mon temps à embêter l’autre homme de la maison en lui piquant ses jouets et les cachant à travers la maison, pauvre Arthur. Sauf que mon grand-frère, n’était pas comme mon père et lui le cache-cache avec ses affaires ça le faisait pas vraiment rire alors on se disputait et j’allais automatiquement pleurer dans les jupes de ma mère. Enfin, toute mon enfance peut se résumer en un seul mot : l’amour.
Les années ont passés, passant de plus en plus de temps à faire glisser mes doigts sur le clavier du piano pendant que mon père m'écoutait avec fierté assis au salon. Je me souviens exactement de ce regard rempli de tendresse et ce sourire satisfait quand il voyait que je m’intéressais à ce qu’il aimait et que je faisais tout pour le lui montrer.
« Tu seras la meilleure pianiste de l'univers ma chérie » disait-il avec son légendaire sourire qui démontrait toute la confiance qu’il avait en l’avenir et surtout en moi. Et une fois que je savais qu’il était content, je passais mes bras autour de lui, le serrant un peu avant de courir vers ma chambre.
J’avais désormais onze ans alors que nous quittions notre Italie natale pour venir s'installait en Irlande, j'entrais tout juste au collège et je ne mit pas très longtemps à m'adapter. Septembre, je passais les portes de mon collège pour ma troisième année soit la quatrième alors que mon frère lui faisant sa rentrée au lycée. Et aucun changement ne s’était opéré dans ma vie, j’étais toujours aussi collée à mon père ou mon frère quand je ne pouvais pas être avec lui. Autant vous dire que mon monde a toujours tourné autour des garçons ce qui fait probablement en partie ce que je suis aujourd’hui.
Dévastée. Anéantie. Effondrée. Détruite. Je revoyais sans cesse les images du moment qui avait à tout jamais gâchée ma vie. Je regardais la télévision mangeant des gâteaux, embêtant mon frère pour récupérer la télécommande afin de mettre la chaîne que je voulais lorsqu’on sonna à la porte. Lorsque mon frère ouvrit la porte, moi bien cachée derrière lui, nous découvrîmes une femme et un homme. L’une d’elle était assistante sociale paraît-il et l’autre était notre oncle. Ils entrèrent sans qu’on les ai vraiment invité à le faire alors que je regardais mon frère les yeux remplis de questions.
« Arthur, Robynn, écoutez c’est pas facile à dire… » Commençait l’homme son expression se transformant peu à peu en compassion, presque en intense tristesse. Ma gorge se serrait alors que je ne comprenais pas tout à fait encore l’ampleur des dégâts.
« Nous vous présentons toutes nos condoléances. » surenchérit la femme à côté de lui. Je posais mon regard une nouvelle fois sur mon frère cherchant au fond de ses yeux quelque chose qui me dirait de quoi ces gens-là parlait, mais rien, à part une main qui se crispée sur son genoux alors que je le voyais déglutir. Est-ce que du haut de ses treize ans on peut vraiment imaginer ce qu’il se passe réellement derrière ces mots détournés ?
« Nous venons, d’apprendre, que… Enfin vos parents ont eu un accident. Fatal accident. » Ces mots m’arrivèrent comme une gifle. Condoléances ? Accident fatal ? Impossible. Je m’effondrais, ils mentaient.
Robe noire. Je serais la main de mon frère alors que les cercueils descendaient dans leurs cages de pierre. En moins de temps qu’il faut pour le dire j’avais perdue tout ce que j’avais de plus cher au monde. Le début de l’enfer, d’un long enfer. Mes larmes s’emparaient de mon visage, alors que j’avais tout à coup très chaud, trop chaud puis tout à coup très froid. Je sentais ma respiration se saccadait puis se bloquait, je manquais d’air, ayant le sentiment d’étouffer, me laissant tomber à terre alors que j’avais l’impression de perdre connaissance. La première crise, la première d’une longue série qui allait rythmée chacune de mes journées durant quatre longues années.
Nous allions chez un couple que nous ne connaissions pas, nous avions vu l’homme quelques jours avant, le fameux frère de ma mère et sa femme. Ma mère était fâchée avec cet homme depuis un bon nombre d’année, si bien que nous ne l’avions jamais vu et nous n’en avions jamais entendu parler comme si son frère n’avait jamais existé. Dès mon arrivée chez eux j’ai développé mon apathie, caractéristique qui vous donne l’impression que je suis un monstre pour faire simple, c’est l’indifférente à toute forme de sentiment, je suis un espèce de mur impénétrable vous voyez, une statue de glace et il est vrai que j’en joue puisque je ne le devrais me cachant derrière ça pour me protéger. Mais les choses se dégradèrent très vite dans cette famille que je n’arrivais pas à accepter, d’une parce qu’ils étaient à mes yeux d’illustres inconnus et de deux parce qu’aucun d’eux n’était capable d’être présent pour nous et surtout ils étaient totalement insensibles face à mes crises à répétitions. La spasmophilie n’était pas la seule chose que j’avais développé et inconsciemment, je rejetais en Arthur la figure paternel que j’avais perdu ainsi la montage d’amour parental que j’avais à revendre, je lui avais donné, j’avais tout donné à Arthur et la petite fille gentille devenait la mère poule intrusive, quasi-insupportable comme l’était ma propre mère. Dépendance affective à la famille, j’avais besoin de mon frère plus que de n’importe qui d’autre sur cette Terre.
Libérés, voilà ce que nous étions libérés. Mon frère venait de fêter ses dix-huit bougies et avait surtout soufflé sur l’orage qui s’était abattu sur nous ces quatre dernières années, c’était fini, il avait l’âge légal pour que l’on puisse se tirer.
L’héritage de nos parents nous avaient servi à payer l’intégralité de nos études, une chance s’offrait à nous de pouvoir être ce qu’on voulait et c’est dans cet optique-là que je me retrouvais dans d'énièmes années au conservatoire, cherchant toujours la perfection. Je voulais par-dessus que mon père soit fier de moi comme il l’avait toujours été, il m’avait légué sa passion et je devais faire en sorte de lui rendre tout ce qu’il m’avait apporté.