C'était comme si c'était hier. Non, c'était il y a six mois. Six mois que je broyais du noir sans jamais pouvoir apercevoir une lueur d'espoir. Ce sentiment de vide, ce sentiment d'abandon. Il n'y était pour rien, je le savais, il n'avais jamais mérité de partir comme ça, pas maintenant. Je ne vivais qu'avec la mort de mon père en tête et jamais je n'arrivais à m'en débarasser. Ca me hantait sans que je ne puisse faire quelque chose ; j'avais beau vouloir faire des efforts, mon corps en décidait toujours autrement. Un jour ça allait, puis un autre, je ne faisais que pleurer. De grosses larmes que je noyais dan mon oreiller. C'était pareil depuis six mois. La douleur était la même, toujours aussi intense. Rien n'avait avancé, rien de rien.  Mon petit coeur, il avait mal. Tellement mal. Mon héro, il s'était envolé et comptait désormais parmi les anges. Il veillait sur moi, j'en étais certaine. Parfois même, je jouais l'égoïste à vouloir partir pour le rejoindre. Louis. C'est lui qui me ramenait à la raison. Mon frère il était encore là, lui. C'était pour lui que je continuais ma pauvre petite vie. Je n'étais attachée à personne, je faisais mon chemin, seule. Solitaire, je le serai toute ma vie.

Alors il fallait avancer. Avancer sans goût de la vie, c'était chose difficile pour une jeune fille abattue et triste. Un chagrin immense pour un père fabuleux. Un sourire et tout semblait être caché alors qu'à l'intérieur de moi, je brûlais d'envie de crier. De crier haut et fort, de toutes mes forces à m'en arracher les poumons. Exprimer ma douleur. Seulement, ça ne voulait pas. Ca bloquait. Le silence, c'était le seul remède qui semblait me convenir. Voilà six mois que j'étais devenue celle que j'étais. Une Noa au regard vide, une Noa souriante malgré elle. Faire semblant, c'est bien. Mais se sentir mieux à l'intérieur, c'est mieux. Chaque matin, c'était ainsi : se réveiller les yeux gonflés, tenter de trouver un brin de motivation pour aller à la fac, débuter la journée de façon plutôt maussade. Et puis je me souvenais, je me souvenais de mon père et de combien il serait de nous voir, Louis et moi, plus heureux que jamais. Alors pour mon frère, je devais être forte et je le serai.